samedi 16 août 2008

Évènement

Le grand chef d'orchestre Alvaro Cassuto (né en 1938) a enregistré, pour l'édition Naxos, l'intégral des symphonies de Luis de Freitas Branco (1890-1955), complété par d'autres pièces orchestrales, l'une des grandes figures musicales du XXe siècle portugais. Son oeuvre symphonique, je dirais même son oeuvre tout court, avait le plus grand besoin d´être de nouveau gravée: les dernières enregistrements remontent aux années 80! Cela dit, la première et la deuxième symphonie avaient récemment été réenregistré, l'une par Mário Mateus avec The Orchestra of the Frederic Chopin's Polish Baltic Philharmonic in Gdansk publié par le label polonais DUX en 2004, et l'autre par Jesús Amigo avec l'Extramadura Symphony Orchestra publié chez Atma Classique (Canada) en 2008.

Il s'agit donc d'un grand évènement pour la musique savante portugaise: une partie de son répertoire est édité par le grand label international qu'est Naxos. Ce premier volume (il y en aura quatre) comprend la Première Symphonie (1924), un Schrzo Fantastique (1907) en premier enregistrement mondial, ainsi que la première Suite Alentejana (1917).
Ce n'est pas la première fois que Cassuto défend les compositeurs lusophones. En effet, il a déjà enregistré pour ce même label les deux symphonies de João Domingos Bomtempo (1775-1842), ou encore l'intégrale des symphonies de Joly Braga Santos (1924-1988). Grâce à ses enregistrements parus chez Naxos, Cassuto donne à connaître au niveau international une partie de la musique savante portugaise, et qui mérite d'être connue et de trouver sa place dans le répertoire international. Ajoutons aussi que ses interprétations sont toujours d'une grande et sérieuse qualité.
Qui sait, peut-être que bientôt les grands orchestres se mettront à graver et à programmer de temps en temps de la grande musique portugaise.

Pour en savoir plus sur Alvaro Cassuto et sa discographie: http://www.naxos.com/conductorinfo/Alvaro_Cassuto/31528.htm (en anglais)

jeudi 14 août 2008

Que se passe-il, dites-le moi...

«Du népotisme en musique», article de Renaud Machart paru dans Le Monde du 13/08/2008. http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/08/13/du-nepotisme-en-musique_1083230_3246.html#ens_id=1079133 L'article n'est plus disponible dans sa version intégrale, la voici ici retranscrite.


Du népotisme en musique
LE MONDE 13.08.08 15h53 • Mis à jour le 13.08.08 15h53

Le cas Carla Bruni, devenue Carla Bruni-Sarkozy, a amené les chroniqueurs musicaux à se poser cette question : "Peut-on parler de Carla Bruni-Sarkozy comme on parlait de Carla Bruni ?" Comment faire pour estimer la valeur de son nouvel album sans paraître lui faire payer sa situation "privilégiée" ?
Mais si Carla Bruni avait une existence artistique avant de rencontrer le président de la République, d'autres cas, notamment dans le cadre de la musique "savante", sont plus douteux. Au moment où sa fiancée, la soprano russe Anna Netrebko, est devenue la star absolue de l'opéra et de Deutsche Grammophon (DG, groupe Universal), le baryton uruguayen Erwin Schrott, encore peu connu, enregistre son premier disque pour Decca (groupe Universal). Ce récital d'airs d'opéra ne révèle ni un mauvais chanteur ni une nouvelle star de la tessiture. Mais l'évidence est cruelle : nul n'aurait signé le baryton s'il n'avait pas été "M. Netrebko".
Autre cas de figure : les fratries. Dès l'orée de sa gloire, le ténor Roberto Alagna a fait connaître ses deux frères, Frédérico et David. Ils l'accompagnaient, à la guitare, dans son récital Sérénades, édité par EMI avec qui il était sous contrat avant de signer avec DG en 2004. Aujourd'hui, la branche française du label enregistre Le Dernier Jour d'un condamné, un opéra qui est une affaire de famille : Roberto chante le rôle principal, a cosigné avec ses deux frères le livret, tandis que la musique est de David. Constituée de copiés-collés habiles faits dans l'opéra vériste, dans les Dialogues des carmélites de Poulenc (la fin !), dans la musique de séries télévisées, la partition est sans la moindre singularité et sans le moindre talent mélodique, ce qui dans le cas d'un opéra ultraconventionnel est un peu gênant. Le Dernier Jour... n'est certes pas pire que la musique "savante" de Paul McCartney ni que beaucoup de partitions d'avant-garde, mais peut-on imaginer que DG l'aurait enregistré si ce compositeur, peu reconnu, n'était pas le frère d'une des vedettes de la maison ?
Renaud Machart

La création artistique, la vraie, est malade, elle n'a plus de valeurs. Pendant ce temps, on condamne les vrais créateurs - ceux qui créent par nécessité intérieure, pour l'art, pour les hommes, pour la société - et les vrais interprètes - ceux qui nous révèlent la beauté d'une oeuvre et nous invitent à la contempler.
Musiciens, artistes, interprètes, professeurs, élèves, mélomanes et amateurs, nous ne pouvons plus, nous ne devons plus, tolérer une telle infamie. Réagissons, agissons!
C'est en ces temps difficiles que la société a, plus que jamais, besoin de l'art et des artistes.